Il est partout, le drapeau breton. C’est vrai. A chaque fois j’arrive encore à m’en étonner. C’est le Power du Gwenn-ha-Du !
Ancien marin militaire, mais pas breton pour un sous au départ, j’ai réellement découvert la Bretagne avec la marine nationale (mes parents avaient bien essayé de nous convertir à cette région pendant des vacances estivales, mais à l’époque, l’idée de devoir passer le mois d’août en k-way sur la plage me dépassait un peu – les clichés ont la peau dure – surtout que nous habitions sur la côte d’Azur …).
Brest tout d’abord donc, lors de mes classes à Maistrance, puis quelques années et un coup de transrade plus tard, l’école navale, la presqu’île de Crozon, et la mer d’Iroise, magnifique terrain de jeu pour midships (enfin, ça dépend de l’état de la mer quand même, surtout lors des premières sorties en mer …). Et Brest encore lors d’une affectation sur aviso lance-roquettes. Bien sûr, j’ai aussi exploré tous les autres coins et recoins de cette magnifique région jusqu’à plus soif, dansé et chanté, aimé et gouté, et au final, la Bretagne a grandi en moi pour toujours.
Entre mes différentes escales bretonnes, la marine m’a envoyé vers des destinations plus lointaines. Et c’est dans ces lieux plus exotiques que j’ai plus précisément découvert le Power du Gwenn-ha-Du. Alors à des milliers de kilomètres de la lande originelle, j’ai toujours trouvé un breton où que ce soit dans le monde, qui, comme des milliers d’autres auparavant, avaient répondu à l’appel du large, et continuait fièrement de dresser le Gwenn-ha-Du sur un caillou aux antipodes de sa Bretagne natale. Figure d’une culture et d’une patrie ancestrales, le drapeau de cette terre du bout du monde est aussi, à mes yeux, un symbole fédérateur pour les tous les marins et les aventuriers qui ont fait leurs armes dans ce pays d’irréductibles. Il ne remplace pas la dimension nationale du pavillon français, mais vient en complément de repère pour tout marin qui vogue sur les flots de notre belle planète bleue.
C’est ainsi que de Nouméa à Tahiti, du Japon jusqu’en Chine, en passant par les côtes de l’Afrique jusqu’à celles du Nouveau Monde, la vue du Gwenn-ha-Du m’a toujours réconforté lors de toutes mes escales, comme un petit morceau de lande expatrié qui rappelle le pays. Et évidemment, mes rencontres avec les bretons du bout monde se sont aussi généralement bien terminées. Toujours de manière très digne. Et tard, très tard …
Et puis une escale plus spéciale que les autres et la vie de terrien me rattrape. Adieu les bateaux gris, welcome le pays des yankees. Mariage, marmots, loin, loin la vie de marin, même si l’esprit reste toujours vivant au fond. La terre américaine est devenue mon bout de lande à moi. Oubliés pendant un temps ces bretons et leur Gwenn-ha-Du (enfin pas totalement, grâce à Soldat Louis en playlist sur l’iPhone). Et un jour, par un coup du sort dont seule la vie (ou le Bon Dieu ?) a le secret, ça revient. De nouvelles rencontres : « Tiens, t’es français aussi ? Qu’est-ce que tu fous ici aux Etats-Unis ? T’es breton d’origine ? Tiens, tiens, ça me rappelle quelque chose … » Et me voilà de nouveau acoquiné avec un représentant du drapeau Blanc et Noir.
Dans le même mouvement, un nouveau bateau s’élance des côtes françaises. Nouveau par sa construction mais pas par son nom ni son histoire. Un certain Lafayette ayant navigué à bord de ce fier vaisseau il y a plus de deux siècles, il lui est rendu hommage aujourd’hui par ce voyage grandiose de commémoration de l’Histoire entre la France et les Etats-Unis. Et je me retrouve à nouveau à une escale de bateau. Mais cette fois, je suis de l’autre côté, à terre. Je ne suis toujours pas breton, mais mon pote fraîchement rencontré est avec moi sur ce quai de Virginie pour accueillir l’Hermione. Quelques jours auparavant il m’a dit que le Gwenn-ha-Du qu’il avait commandé en ligne devait arriver juste à temps pour l’occasion. Et je lui ai répondu : « Tu vas voir le Power du Gwenn-ha-Du ».
Et comme vous pouvez l’imaginer, ça n’a pas manqué. Au milieu de tous les autres drapeaux et de cette foule, c’est le Gwenn-ha-Du qui a rassemblé le plus : « Vous êtes de quel coin vous ? Ah oui ? Quel hasard alors, moi je viens du patelin d’à côté ! » Des Bretons, de partout je vous dis ! Des rencontres et des échanges, chaleureux, intemporels, presque irréels. Magique. Pendant tout ce temps, mon pote continuait d’agiter fièrement son drapeau en direction de l’Hermione et ses marins, approchant du quai à petite allure. Et là, un autre Gwenn-ha-Du, en plus petit format, apparaît sur le flanc tribord alors que le bateau finit d’accoster. Une fois à terre, les marins bretons de l’Hermione, émus, viennent remercier mon pote pour son accueil. Après plus de cinquante jours en mer – une première pour certains d’entre eux – ils ne s’attendaient pas à ça. C’est ça le Power du Gwenn-ha-Du !
Bienvenue en Amérique les gars.
Place à la riboule maintenant.
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